• Nom commun
    oranger des Osages
    Nom latin
    Maclura pomifera
    Site
    Parc du Vieux cimetière
  • Situé au nord du parc du Vieux cimetière, cet oranger des Osages est intéressant pour son fruit ressemblant à une orange mais d’aspect grumeleux et de couleur vert vif. Cet arbre permet aussi de revenir sur le destin des Osages, une tribu amérindienne.

  • Généralités

    Je m’appelle bois d’arc, mais surtout oranger des Osages. Ce nom vernaculaire est dû à une tribu indienne, les Osages à laquelle mon histoire est liée. Originaire de la vallée de la rivière Ohio et du fleuve Mississippi, la tribu amérindienne des Osages (apparentée aux Sioux) a été déplacée contre son gré et s’est implantée à la fin du XIXe siècle sur les terres rocailleuses de l’Oklahoma. Après la découverte de pétrole sur ce territoire, en 1894, les Osages deviennent extraordinairement riches. Des spéculateurs avides se ruent alors sur la région, cherchant à profiter des Indiens. Un système corrompu et raciste fut mis en place suivant lequel les fortunes amérindiennes devaient être gérées par des tuteurs blancs au profit de millions de dollars. Dans ce contexte, des douzaines d’Osages ont été assassinés dans des conditions mystérieuses dans les années 1920, rebaptisées « règne de la terreur ». Mais revenons à moi et à ma famille, celle des moracées. Je peux mesurer entre 10 et 15 mètres de hauteur. Arbre original, en particulier grâce à mes fruits, mes épines et mon port divergeant et élégant, je suis insensible aux parasites et aux maladies, rustique et résistant à la sécheresse. Sans me vanter, je suis un arbre méritant d’être davantage connu et surtout utilisé.

  • Chorologie

    Je suis originaire d’Amérique du Nord et en particulier du sud-est de l’Oklahoma, du sud-ouest de l’Arkansas et du nord-est du Texas. J’ai été découvert au XVIIe siècle aux Etats-Unis d’Amérique, dans l’actuel Missouri, alors territoire des Osages.

  • Ecorce

    De couleur gris orangé, mon écorce est intéressante pour son aspect fissuré et torsadé. Mes rameaux en forme de zigzag le sont tout autant. Mes branches étant épineuses, elles ont servi aux premiers colons d’Amérique pour délimiter leurs champs. Mon bois est très dense et résiste bien au pourrissement. Il est particulièrement apprécié pour la fabrication de manches d’outils, de poteaux ou de chevilles en bois. Il brûle particulièrement bien et longtemps. Les colons m’employaient notamment pour la construction de traverses de voies ferrées. Quant aux Osages, ils utilisaient mon bois pour fabriquer des haches, mais surtout des arcs, me valant mon nom de « bois d’arc ». Ils utilisaient aussi mes racines, possédant la particularité de jaunir au contact de l’air. Aussi, avec le jus des racines, préalablement broyées, était confectionné le maquillage pour se peindre le visage pour les guerres et teindre leurs vêtements, comme ils le faisaient également avec le latex de mes fruits.

  • Feuilles

    Mes feuilles caduques, simples et pointues, épaisses et fermes, sont alternes. D’un joli vert luisant, elles mesurent de 8 à 13 centimètres de long et 5 à 8 centimètres de large. Leurs aisselles contiennent de redoutables épines de 2,5 centimètres de long à maturité. Mes feuilles virent au jaune en automne.

  • Fleurs

    Survenant en juin, mais quand j’ai déjà atteint un certain âge, mes fleurs mâles, discrètes, naissent à l’aisselle de mes feuilles sur les branches de l’année précédente. Elles sont vert pâle, petites et disposées en inflorescences simples portées sur un pédoncule. Quant aux fleurs femelles, vert pâle également, globulaires, elles forment une tête sphérique dense à plusieurs fleurs, apparaissant, elles, à l’aisselle de la croissance sur les branches de l’année en cours sur un pédoncule court.

  • Fruits

    Mon espèce étant dioïque, seuls les individus femelles de ma famille donnent des fruits. Ils sont gros, comme de grosses oranges grumeleuses vert vif et odorantes, mais non comestibles. En effet, le latex blanc laiteux qu’ils contiennent les rendent trop amers. Ces fruits sont en fait des infrutescences (de nombreux fruits agglomérés entre eux). Ils sont assez décoratifs et appréciés pour composer des décorations comme des pots-pourris ou des décorations d’automne, avec des épis de maïs, des coloquintes… Le latex issu de mes fruits et celui de mes racines possède la particularité de jaunir au contact de l’air. Pour revenir aux Osages, il est ainsi facile de comprendre que ces indiens extrayaient ce latex de mes fruits pour se peindre le visage (peintures de guerre) et teindre leurs vêtements.

  • Anecdotes
    • L’oranger des Osages fut planté aux Etats-Unis d’Amérique dans les grandes plaines pour former des haies coupe-vent.
    • Réputés pour limiter la prolifération d’insectes, de nombreuses personnes coupent les fruits de l’oranger des Osages en quartiers et les disséminent dans les bâtiments à traiter. Cependant cet effet supposé n’est absolument pas scientifiquement prouvé.
    • Le film « Killers of the flower moon » (2023) de Martin Scorsese revient sur la tragédie des indiens Osages dans les années 1920. Son titre, traduisible par « Tueurs d’une fleur de lune », provient d’une expression employée en 2009 par la poétesse osage, Elise Paschen. Elle désignait ainsi des espèces de fleurs invasives qui, chaque mois de mai pendant les grandes lunes, recouvrent les prairies au détriment des violettes et des bleuets. Cette métaphore poétique s’applique à la façon dont l’homme blanc a étranglé la culture indienne et s’est ainsi approprié les terres des natifs au fil de la conquête de l’Ouest. Ces fleurs de lune seraient des ipomées blanches (Ipomoea alba).
  • Cet arbre en particulier

    Je suis situé dans l’angle nord-ouest du parc du Vieux cimetière, pas très loin des tombes de six soldats allemands morts en 1870 lors des combats de « La Défense » et du tilleul de Mongolie, décrété « arbre majeur ». Je pousse à proximité d’une belle cépée de laurier-tin (Viburnum tinus). Au fil des années, ce parc est devenu un arboretum. Géré dans une démarche de gestion différenciée respectueuse de la biodiversité, ce cimetière dont l’allée principale est soulignée par deux haies de charmes de chaque côté et rythmée par plusieurs arceaux, en charme également. Il est aussi riche d’orchidées sauvages, d’une haie d’essences locales et surtout d’une très belle collection d’arbres. Dans celle-ci, huit autres arbres sont identifiables par flashcode : un arbre à liège de l’Amour, un charme commun, un chitalpa de Tachkent, un frêne du Caucase à feuillage automnal pourpre, un if commun, un margousier un marronnier jaune et un séquoia pleureur.

  • A Courbevoie et en France
    • A Courbevoie, cet oranger des Osages est le seul planté dans l’espace public.
    • Un oranger des Osages est planté à l’entrée sud du parc des Glacières à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).
    • Un autre oranger des Osages est planté dans l’angle nord-ouest du parc Roger Salengro à Clichy (Hauts-de-Seine).
    • Dans le square des Arènes de Lutèce à Paris, aux abords de l’angle des rues des Arènes et Monge, pousse un oranger des Osages.
    • Toujours à Paris, un autre oranger des Osages est à apprécier dans le square Maurice Gardette.
    • Un oranger des Osages est aussi à découvrir dans le sud-est du parc de Procé à Nantes (Loire-Atlantique), au niveau de l’entrée du 42, rue des Dervallières.