- Nom commun mûrier à papierNom latinBroussonetia papyriferaSiteAllée Bernard Palissy
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Situé dans un double alignement à l’entrée du parc Millénaire - Charles Deprez, ce mûrier à papier est à apprécier autant pour son écorce, ses feuilles polymorphes que ses fruits.
- Généralités
Je porte de nombreux noms communs tels que mûrier de Chine, mûrier d’Espagne, mûrier à papier ou encore arbre aux cerfs. Je suis un petit arbre caduc de la famille des moracées et, à ce titre, je produis dans mes tissus un latex. De croissance rapide durant les premières années, puis ralentissant, je peux tout de même atteindre jusqu’à 8 à 10 mètres en tous sens. Avec mon allure tropicale, je suis d’une grande robustesse. Ma souche étant légèrement drageonnante, je suis capable de produire des rejets. Je suis une plante dioïque (individus mâles et femelles distincts). Je reste cependant encore assez méconnu.
- Chorologie
Je suis originaire des régions tempérées et subtropicales d’Asie du Sud-est, en particulier de Chine, du Japon et de Polynésie.
- Ecorce
Mon écorce est de couleur brune et fissurée. Elle se décroche en bandes et ressemble alors à une peau de serpent. Mes jeunes rameaux sont pubescents, de couleur gris-vert. A partir des fibres végétales regroupées en faisceaux dans la couche interne de mon écorce, est produit en Chine depuis le IIe siècle avant J.-C. un papier de haute qualité, très résistant, tout en restant parfaitement doux. Le papier tel qu’il est connu aujourd’hui ne sera inventé que trois siècles plus tard. Ce papier est à l’origine de mon nom vernaculaire. Cette production de papier luxueux a aujourd’hui quasiment disparu. Au Japon, le papier résistant façonné dans de la fibre libérienne du mûrier à papier sert à produire du papier à lettre, des lanternes et des parapluies. Pour les amateurs de scrabble et pour tous, ce papier est dénommé kozo. Mon bois étant très cassant, son utilisation se limite à des meubles et des petits ustensiles tournés. Mes fibres sont utilisées pour faire des cordages. C’est aussi en bois de chauffe que je rentre dans les foyers.
- Feuilles
Apparaissant en mai, mes grandes feuilles lobées caduques sont polymorphes. Leurs formes variables vous rappellent que je suis apparenté à la fois au figuier et aux différents mûriers du ver à soie. Elles sont cordiformes ou profondément lobées, en 3 à 7 lobes avec un peu une forme d’as de pique. Rêches en surface, veloutées au revers, finement dentées en bordure, elles mesurent de 7 à 20 centimètres en tous sens. La couleur du feuillage est un vert foncé, puis il se colore d’un jaune chaud et profond avant de tomber en automne.
- Fleurs
En mai-juin, les arbres femelles de mon espèce portent des inflorescences globuleuses composées de minuscules fleurs vertes devenant rouges en forme de pompons rouge clair. Mes fleurs mâles sont reconnaissables à ce qu’elles sont réunies en chatons pendants, longs de 3 à 10 centimètres et de couleur gris-bleu.
- Fruits
Mes fruits sont ronds de 2 à 3 centimètres de diamètre, de couleur rouge orangé, comestibles, juteux et sucrés, mais fragiles. Ils font le régal des humains, mais ne sont pas commercialisés car trop fragiles. Les oiseaux les apprécient également, contribuant ainsi à disperser mes graines en climat favorable. Je précise qu’un sujet femelle ne portera de fruits qu’en présence d’un autre mûrier à papier portant des fleurs mâles.
- Anecdotes
- En Europe, je suis une plante invasive et, à ce titre, ma commercialisation a été interdite en Suisse en 2024.
- Riches en protéines, vitamines et fibres, mes feuilles servent à nourrir les cochons.
- Au Japon, je suis vénéré et considéré comme un arbre sacré. Pour cette raison, mes feuilles et mes branches étaient utilisées dans des rituels shintoïstes.
- Cet arbre en particulier
Avec mes 5 frères, nous formons sur l’allée Bernard Palissy, un double alignement reliant l’entrée du parc Millénaire - Charles Deprez à l’avenue de l’Arche, au niveau de la place des Trois frères Lebeuf. Nous sommes les seuls exemplaires de mûrier à papier de l’espace public de Courbevoie. Nous rythmons cette allée au sol en béton désactivé jaune, plantés dans des carrés délimités par des bordures en granit gris. La place des Trois frères Lebeuf voisine mérite un détour car elle est un très bel exemple de végétalisation de l’espace public, avec ses cordons sinueux constitués de clôtures basses recouvertes de lierres à feuilles panachées, ceinturant des massifs plantés de bouleaux, cerisiers, érables, fatsias du Japon, euphorbes, fougères, fragons, hellébores, herbe de la pampa, nivéoles… Dans ce quartier, la toponymie renvoie à la Renaissance italienne avec des circulations dédiées à des artistes ou à leur œuvre, avec l’avenue Léonard de Vinci, la place Raphaël, la rue Le Tintoret et les allées Botticelli, Le Titien, Michel-Ange et Véronèse ou encore l’Esplanade Mona Lisa. Avec l’allée Bernard Palissy, c’est un Français qui est à l’honneur et sort ainsi un peu du lot. Bernard Palissy (1510-1590), était à la fois un potier, émailleur, peintre, artisan verrier, écrivain et savant français. Membre de l’Ecole française de la Renaissance, il est surtout connu pour la « recette véritable », révélant le secret de fabrication de céramiques d’une finesse et d’une brillance telles qu’on les croirait vivantes. Dans ce roman autobiographique, il se révèle aussi comme l’inventeur d’un « jardin délectable », qu’il décrit de bout en bout, avec ses « cabinets rustiques », ses cavernes factices, ses bosquets sculptés, ses mousses feintes…
- A Courbevoie et en France
- A Courbevoie, ces mûriers à papier sont les seuls plantés dans l’espace public.
- Très rare à Paris, le mûrier à papier se retrouve principalement dans les cimetières, mais un sujet remarquable se trouve aussi dans le parc Sainte-Périne.
- Toujours à Paris, un autre mûrier à papier est visible dans les jardins de l’avenue Foch.
- A Paris, dans le parc Montsouris, se remarque un mûrier à papier un peu fragilisé mais suivi de près par les bucherons de la ville. Il est situé à non loin de l’entrée du parc (angle de la rue Nansouty et de l’avenue Reille), à gauche en entrant, juste après la guérite à horloge du gardien.
- Il est aussi possible d’apprécier un mûrier à papier dans l’arboretum d’Auxerre (Yonne).
mûrier à papier
