chitalpa de Tachkent

Méconnu du grand public, je suis un petit arbre au port étalé, faisant partie de la famille des bignoniacées. Avec mon air exotique, je suis un arbre un peu plus présent depuis quelques années dans les villes. En une dizaine d’années, j’atteins une taille jusqu’à 10 mètres de hauteur pour 7 mètres d’étalement. Je prends la forme d’un arbre tige ou, comme ici, en cépée (arbre à plusieurs troncs). Mon cultivar ‘Pink Dawn’ est caractérisé par un port étalé et surtout des fleurs rose pâle lavées de blanc griffé de pourpre à gorge jaune.

Comme l’indique le « x » devant mon nom scientifique, je suis issu d’un croisement. Celui-ci a été réalisé en 1964 par le célèbre botaniste russe Nicolaï Federovitch Rusanov dans le laboratoire de l’Académie des sciences de Tachkent (Ouzbékistan). Ce dernier a réalisé cette hybridation in vitro entre un catalpa de Caroline (Catalpa bignonioides) et un saule du désert (Chilopsis linearis). J’ai été introduit aux Etats-Unis en 1977. Mon nom « chitalpa » est un mot-valise composé à partir de ceux de mes parents Chilopsis et Catalpa.

Mon écorce est grise, couverte de lenticelles claires. Elle se fissure avec la maturité.

Mon feuillage caduc est alterne, étroit et lancéolé, légèrement ondulé. Il est de couleur vert olive se teintant de pourpre en automne. La linéarité de mes feuilles évoque un peu celles d’un pêcher ou d’un laurier-rose.

De juin à août voire septembre, je me couvre jusqu’aux premières gelées de fleurs en grappes érigées aux teintes roses, à la gorge jaune, en trompettes, aux bords ondulés. Très nectarifères, ces dernières sont très appréciées des insectes pollinisateurs et me donnent un petit air exotique.

Ayant vu le jour grâce à la culture in-vitro, je suis une obtention stérile et suis donc dépourvu de fruits.

• Ce sont des accords économiques entre les Etats-Unis et l’URSS qui ont permis ma diffusion en 1970.
• Le nom de Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, est issu de taš (« pierre ») et de kent (« ville »). C’est donc aujourd’hui un végétal qui assure dans le monde la promotion de la « ville de pierre ».

Cette cépée à quatre troncs a été plantée en début d’année 2019 dans le parc du Vieux cimetière, labellisé refuge LPO par la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Créé en 1783, ce cimetière est caractérisé par un aspect romantique. La Ville de Courbevoie a engagé sa réhabilitation de 2009 à 2012 afin de le conserver en qualité de lieu de repos et de recueillement. S’il n’y a plus d’inhumations, il est bien un lieu de passage apprécié entre la rue Lambrechts et le boulevard Saint-Denis, dans lequel les sépultures contribuent pleinement au cadre paysager. Ce parc se transforme au fil des années en un arboretum au sein duquel cinq autres arbres sont identifiables par flashcode : arbre à liège de l'Amour, charme commun, frêne du Caucase à feuillage automnal pourpre, margousier et séquoia pleureur.

La direction des espaces verts et de l’environnement l’entretient dans une démarche de gestion différenciée respectueuse de la biodiversité (fauche tardive, plantation de vivaces…). Cette cépée est plantée au sein d’une petite prairie de forme trapézoïdale fauchée une seule fois par an. Cette méthode de tonte différenciée permet de favoriser la biodiversité dans ce site, comme en témoigne de façon intéressante la présence de plusieurs orchidées sauvages : les orchis pyramidaux (Anacamptis pyramidalis) dont la belle floraison rose vif s’apprécie d’avril à juillet. L’andain (bande ou meule de fourrage laissée sur le sol après la fauche) réalisé avec la fauche de l’année précédente en est un indice significatif. En plus de ce chitalpa au sein de cette prairie poussent également quatre autres arbres : un très grand cyprès de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana), un séquoia pleureur, un tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera) et un arbre à liège de l'Amour.

• A Courbevoie, plusieurs chitalpas sont à apprécier dans le square Regnault, en alignement et en bosquet aux abords de l’immeuble « Gambetta » (1 et 2, square Regnault).
• Dans les Hauts-de-Seine, il fait notamment partie des arbres plantés dans la ville de Sèvres.
• Un exemplaire est aussi à remarquer dans l’allée Daubenton du jardin des Plantes (Paris).