Tours Hermitage : que bâtir maintenant ?

Tours Hermitage : que bâtir maintenant ?

C’est un (mauvais) feuilleton qui dure depuis 2008 et que vient de clore définitivement l’établissement public Paris La Défense. Le 28 décembre dernier, son conseil d’administration a en effet rejeté à l’unanimité le projet de promesse de vente indispensable à la réalisation des tours jumelles sur le front de Seine. Ce refus est notamment motivé par « l’absence de garanties financières et techniques fournies par le porteur de projet ».

Cette décision de Paris La Défense met un terme à neuf années de combats judiciaires. Dès la signature, par le maire de Courbevoie, Jacques Kossowski, le 6 mars 2012, des permis de construire déposés par la société Hermitage SAS, plusieurs recours judiciaires sont lancés devant des juridictions civiles et administratives par des habitants.

Sept ans plus tard, en juin 2019, Patrick Devedjian, alors président du département des Hauts-de-Seine ainsi que de Paris La Défense, fera publiquement part de ses réserves dans le quotidien Les Échos : « Nous avons de sérieux doutes sur la capacité du groupe à financer et réaliser un projet aussi ambitieux. » Fin 2019, il ira plus loin en torpillant un accord entre le fonds d’investissement coréen Meritz et le promoteur russe Emin Iskenderov porteur du projet Hermitage.

Que reste-t-il de ces treize années à rebondissements ? 250 familles délogées, le restaurant Les Feuillantines définitivement fermé. Tout cela pour 500 logements de très grand standing, un palace, 37 000 m2 de bureaux qui ne verront jamais le jour… Mais aussi un élu, le maire de Courbevoie, droit dans ses bottes : « Emin Iskenderov, avec qui je travaille sur ce dossier depuis dix ans […] m’assure qu’il a réussi à boucler son tour de table. Il convient avoir rencontré quelques difficultés mais affirme aujourd’hui avoir le financement. Et je le crois. J’engage d’ailleurs ma responsabilité d’élu dans ce dossier des tours Hermitage » (Le Parisien – 10 juillet 2018).

Les croyances et l’engagement ayant des limites, Jacques Kossowski n’a pas encore publiquement réagi à la décision de Paris La Défense. Ce qui est certain, c’est que les élus de la majorité et de l’opposition vont devoir réfléchir à une alternative à Hermitage. La construction de logements locatifs aidés pourrait être une des solutions au vu de la pénurie immobilière dans les Hauts-de-Seine.

Aurélie Taquillain, conseillère régionale d’Île-de-France et conseillère municipale de Courbevoie
Jean Philippe Élie, conseiller municipal de Courbevoie