Les mobilités douces favorisent le commerce et le vivre ensemble

Lors du conseil municipal du 10 février, un élu de la majorité a affirmé que le trajet Bécon-La Défense se faisait très bien à vélo. Une assertion qui n’a pas manqué de faire réagir les Courbevoisiens sur les réseaux sociaux. La question de la place de la bicyclette dans notre ville ne date pas d’hier. À juste titre. La sécurisation des trajets à vélo est la condition sine qua non pour la généralisation de son usage dans nos rues. De fait, nombre de parents sont réticents à laisser leurs enfants se rendre à l’école par ce moyen de locomotion, faute de pistes cyclables. Et quand ces dernières existent, elles sont très souvent squattées par des voitures (les multiples photos publiées sur Twitter l’attestent). Enfin, certains projets urbains mis en oeuvre à Courbevoie ne semblent pas en phase avec les aspirations des habitants. Le récent réaménagement du boulevard de Verdun en est un parfait exemple : aucune des pistes cyclables présentes sur cet axe majeur de la ville n’est sécurisée.

La majorité municipale ne pourra faire l’économie d’une véritable concertation sur la place du vélo à Courbevoie. La requalification de l’axe Bezons-Marceau a en effet montré que rien n’avait été pensé en ce sens lors des deux précédentes mandatures. Plus généralement, les mobilités douces doivent devenir un marqueur de la politique de la ville. Trop souvent, on a laissé croire que la piétonisation de l’espace urbain était néfaste pour le commerce de proximité, mais c’est une erreur. Un rapport du Certu (Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques) publié en 2011 a par exemple montré que les impacts économiques de la piétonnisation étaient plutôt positifs.

En 2008, une étude réalisée à Melbourne en Australie a comparé les dépenses des automobilistes et des cyclistes par rapport à la quantité d'espace public nécessaire pour couvrir chaque mode de transport. Six vélos pouvant être garés sur une place de stationnement pour voiture, la transformation de l’espace public en faveur des mobilités douces serait bénéfique pour le chiffre d’affaires des commerces de détail. À Lille, la piétonisation de l’hypercentre du 16 mai 2020 à fin décembre 2020 a satisfait piétons et commerçants.

À titre d’expérimentation, nous pourrions donc envisager
– en concertation avec les commerçants et les riverains
– de piétoniser à Bécon la place Sarrail et les rues adjacentes lorsque les magasins ont le droit d'ouvrir tout le week-end. Et si cela se révélait concluant, d’étendre le dispositif à d’autres quartiers.

Aurélie Taquillain et Jean Philippe Elie