103e anniversaire de l'Armistice de 1918, ce matin au square de l'hôtel de ville et aux monuments aux morts du cimetière des Fauvelles, M. le Maire et les élus de Courbevoie ont rendu hommage à tous les soldats morts pour la France.

"Le destin d'une nation se gagne chaque jour." Extrait du discours de Jacques Kossowski.
Retrouvez les images de la cérémonie ainsi que le discours prononcé par Monsieur le Maire à l'occasion de la cérémonie du 11 novembre. 

Le discours complet :

Mesdames et Messieurs, 

Célébrer le 11 Novembre, commémorer chaque année l'Armistice de 1918, c'est d'abord et toujours se souvenir de la fin d'un conflit qui, on ne le répètera jamais assez, fut le plus meurtrier jamais connu. 

40 millions de victimes civiles et militaires dont 19 millions de morts et 21 millions de blessés, auxquels s’ajoutent, rappelons-le aussi, entre 30 et 90 millions de décès consécutifs à la "grippe espagnole". 

Oui, le 11 novembre 1918 fut un jour de joie pour les Français et pour les citoyens des pays alliés. Mais une joie altérée, brisée parfois, par le souvenir encore vivace des millions de victimes, décédées, blessées ou devenues infirmes. 

Cette guerre marqua un coup d’arrêt terrible à l’idéal de progrès qu’incarnait notre civilisation. Impossible, alors, d’imaginer qu’elle n’était que le prélude d'un second conflit qui, 20 ans plus tard, sonnerait la fin de la primauté de l'Europe dans le monde. 

Qui aurait pu penser qu’au terrible bilan humain de la Première guerre mondiale succèderait un génocide ?

Le Général de Gaulle, qui prit part aux combats de 14-18 et y fut blessé trois fois, en tira peut-être cette réflexion : "L’avenir n’appartient pas aux hommes".

L’avenir, non, serais-je tenté d’ajouter, mais le passé, oui !

Aujourd’hui, la Grande Guerre est entrée dans l'Histoire. Mais la lutte se poursuit sur un autre plan : aux générations suivantes appartient la responsabilité de combattre l’oubli auquel le temps condamne même les plus grands évènements. 

Perpétuer le souvenir de cette page sombre de notre histoire, raviver le souvenir de ces destins brisés qu’égrènent les longues listes de noms gravés dans la pierre des Monuments aux Morts de nos villages et de nos villes, c’est se battre, encore et toujours, pour que la paix l’emporte. 

C’est la raison pour laquelle nous ne devons jamais cesser d’analyser la mécanique infernale, de lier les circonstances et leurs conséquences, et de rappeler les erreurs des hommes pour ne pas les reproduire. 

Ce 11 novembre est ainsi pour moi l’occasion d’appeler nos gouvernants d’aujourd’hui et ceux de demain à œuvrer à une transformation profonde de l’Union européenne. Citons de nouveau le général de Gaulle, qui l’appelait en son temps le "grand machin" pour nous rappeler que sa crédibilité dépend de son efficacité. Cela commence par le renforcement véritable de la solidarité entre les Etats. 

En janvier dernier, alors que le Capitole américain était envahi, la France a, au milieu de la nuit, par la voix de son Président, adressé un vibrant message d’amitié aux Etats-Unis. Quelques mois plus tard, notre pays était humilié devant la planète entière par ces mêmes Etats-Unis. 

Il faut remonter à 1953, quand l’Amérique laissa sans réagir l’URSS menacer la France de représailles nucléaires dans la crise du canal de Suez pour trouver un précédent d’une telle gravité. 

L’Europe de son côté n’a pas dit mot. Pire, elle a poursuivi ses négociations avec l’Australie comme si de rien n’était.  Et il aura fallu plusieurs jours pour que des Etats européens se contentent de dire leur soutien amical à la France. 

La France, enfin, est rongée depuis plus de 30 ans par ses propres maux, parmi lesquels ont pourrait citer la désindustrialisation, le discrédit des institutions, et la remise en cause de nos valeurs fondamentales. Mais que font nos dirigeants pour s’attaquer à ces sujets ? 

Rien, ou si peu. Et dès lors, ce sont des fonctionnaires en première ligne qui en paient le prix : les policiers, les enseignants, les soignants. Contestés, agressés, abandonnés. 

Je plaide pour un retour de l’autorité. N’ayons pas peur de ce mot. Etymologiquement, l’autorité revient à élever, à augmenter quelque chose ou quelqu’un. En poésie, Baudelaire expliquait que, du cadre qu’on lui fixait, la beauté jaillissait plus intense. En politique, je crois fermement que l’autorité renaît la grandeur d’une nation. 

Cette autorité a aujourd’hui tout simplement disparu, au profit de l’autoritarisme. Elle a disparu en même temps que l’exemplarité. Elle a disparu en même temps que le courage politique. Car oui, j’affirme qu’emprunter des milliards n’est pas courageux. J’affirme que le courage, c’est de chercher des économies pour que la France recouvre toute sa souveraineté, et donc sa grandeur. 

A nouveau, le général de Gaulle dont nous avons commémoré la mort il y a deux jours, disait la chose suivante : "Il n’y a qu’une fatalité, celle des peuples qui n’ont pas assez de forces pour se tenir debout et qui se couchent pour mourir. Le destin d’une nation se gagne chaque jour contre les causes externes et internes de destruction."

Le destin d’une nation se gagne chaque jour. 

Mais combien sommes-nous à ne plus sentir que nous gagnons ce destin ? Combien sommes-nous désormais à constater l’indifférence de plus en plus profonde de la jeunesse à la vie collective telle que nos aînés nous l’ont laissé, après s’être battus pour nos libertés. 

Les jeunes – l’avenir de la nation – ne s’intéressent plus à l’avenir de la France. Ils ne votent plus. Ils condamnent moins que le reste de la population les attentats contre Charlie Hebdo. Au nom du respect et de la tolérance, ils se trouvent parfois à faire preuve d’un racisme qui effraient tous ceux qui – comme plusieurs d’entre nous – ont connu les conséquences physiques de la haine de l’autre. 

Plus que tout, il nous faut renouer des liens entre les générations. La mienne a connu la guerre et la paix. La plupart d’entre nous ont connu la paix et la prospérité. Les jeunes connaissent la paix, mais surtout la crise. 

Nous connaissions la démocratie, ils connaissent le seuil d’acceptabilité d’une mesure. Nous connaissions la liberté, ils connaissent le passe sanitaire. Et après ? 

Après, ce n’est pas la guerre civile qui nous attend comme aiment à le professer certains candidats à la Présidentielle. Non, le danger profond qui nous guette, c’est l’indifférence. 

L’indifférence qui profite aux plus riches et qui nuit aux plus pauvres. 

J’observe que malgré les 2,5 millions de fonctionnaires d’Etat, le gouvernement de la République française préfère s’adjoindre les services de cabinet de conseil privé, américains de surcroît, pour établir sa stratégie d’abord de lutte contre l’épidémie, et désormais de relance économique. 

Il y a pourtant en France une armée de métier avec des officiers d’une compétence exceptionnelle qui auraient pu être mis en situation de poursuivre la tâche de leurs glorieux aînés dans un combat contre cet ennemi invisible. Las, je crains qu’en haut lieu on n’est tout simplement pas pensé à eux. 

J’observe enfin que cela fera 10 ans l’an prochain que la France suit une même trajectoire, mise en œuvre par le même personnel politique.  

Qu’est-il advenu du génie français ? De l’indépendance morale et politique de notre nation ? A mon sens, vous l’aurez compris, cette indépendance nous l’avons vendue, échangée contre des crédits. Alors oui nous l’avons vendue très cher car cette indépendance avait une valeur immense. 

Mais chaque année qui passe nous rapproche de l’heure des comptes. Et si rien n’est fait sur le nouveau front guerrier que représente la dette, nous pouvons être inquiets pour les générations futures.

De nos jours encore, des femmes et des hommes risquent leur vie, et pour certains la perdent, pour notre pays, pour nos valeurs républicaines, pour la Paix. 

J’adresse ainsi une pensée très émue aux familles des soldats morts cette année au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. 

Nos soldats se battent sur des théâtres d’opérations étrangers pour la sécurité quotidienne des Français, portant fièrement cet étendard que leur ont transmis leurs aînés anciens combattants. 

Ils donnent ainsi corps à ces mots de notre hymne national : 

Nous entrerons dans la carrière,
Quand nos aînés n'y seront plus ;
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus.
Bien moins jaloux de leur survivre

Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.

Mesdames et Messieurs, en ce 11 novembre 2021, rendons leur hommage au plus profond de nous-mêmes, et soyons dignes d’eux. 

Vive la France, 
Vive notre République, 
Vive l’Europe, 

Et surtout mes chers concitoyens, vive la Paix !

Soldats morts pour la France depuis le 11 novembre 2020 

  • Colonel Sébastien BOTTA, commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes, mort pour la France en Egypte, le 12 novembre 2020 ; 
  • Maréchal des logis Tanerii MAURI, 1er régiment de chasseurs, mort pour la France au Mali, le 28 décembre 2020 ;
  • Brigadier Dorian ISSAKHANIAN, 1er régiment de chasseurs, mort pour la France au Mali, le 28 décembre 2020 ;
  • Brigadier Quentin PAUCHET, 1er régiment de chasseurs, mort pour la France au Mali, le 28 décembre 2020 ;
  • Sergent-chef Yvonne HUYNH, 2e régiment de hussards, morte pour la France au Mali, le 2 janvier 2021 ;
  • Brigadier-chef Loïc RISSER, 2e régiment de hussards, mort pour la France au Mali, le 2 janvier 2021 ;
  • Sergent Maxime BLASCO, 7e bataillon de chasseurs alpins, mort pour la France au Mali le 24 septembre 2021.