Le département des Hauts-de-Seine (anciennement département de la Seine) a bénéficié tout au long de ce siècle d’une proximité avec les quartiers ouest de la capitale situés dans le prolongement d’un axe majeur transversal depuis la Concorde jusqu’à la Défense. La création en 1847, de quatre lignes de chemins de fer vers l’ouest parisien favorise la démographie et l’installation d’usines. Les transports sont également renforcés par de nouvelles dessertes fluviales et la création de plusieurs lignes de tramways et d’omnibus. C’est tout naturellement que la ville de Courbevoie sera impactée par la présence de ces Expositions. Par ailleurs, lors de la préparation des Expositions de 1867 puis de 1878, on envisage leur externalisation afin d’agrandir les surfaces de présentation. Plusieurs communes proposent leur candidature dont la ville de Courbevoie. Ecartée à plusieurs reprises, la ville réitère sa demande et de nouveaux projets naissent pour l’Exposition de 1889.
 
Ainsi, dès 1884, la municipalité fait part à la commission de son vœu d’accueillir l’Exposition du centenaire sur le plateau de Courbevoie. Les avantages avancés par le Conseil municipal sont multiples : localisation à proximité de Paris, liaisons Paris-Versailles, ponts, accès par la Seine pour les transports de marchandises et des visiteurs, esthétisme du site par l’avenue des Champs-Élysées. La présence sur le territoire de Levallois des ateliers de Gustave Eiffel, installés depuis 1866 au 48 rue Fouquet, aurait été de surcroit un atout supplémentaire. Le projet de l’ingénieur M. Devic imagine ainsi sur le plateau une exposition somptueuse et «gigantesque» qui donne naissance au projet Paris-Courbevoie 1900.


« Tour Eiffel : M. le Maire rend compte au Conseil des démarches qu’il a cru devoir faire avec ses collègues de Puteaux et de Neuilly pour tâcher d’obtenir que la tour de M. Eiffel soit édifiée à Courbevoie, au Rond-Point de la Défense de Paris, seul emplacement vraiment en rapport avec les proportions de cet immense monument. Il déclare que malheureusement ces démarches n’ont pu réussir devant l’avis de la Commission de l’Exposition, et l’opposition du constructeur qui dans un but d’intérêt financier veut l’édification de son œuvre à Paris dans l’enceinte de l’Exposition. Rien n’étant plus à l’ordre du jour la séance est levée à onze heures ». 


 
ARCHIVES MUNICIPALES, DÉLIBÉRATION N°6 DU 24 SEPTEMBRE 1886, P.323-324
En 1892, la Commission préparatoire des Expositions confie alors à Alfred Picard le soin d’étudier les différents emplacements à envisager pour 1900. Le projet soutenu par la ville de Courbevoie propose de vastes territoires situés sur un plateau de 300 hectares non construits qui offre un cadre grandiose bien qu’excentré de la capitale. L’ingénieur Charles Devic étudie et rédige un projet d’installation d’un grand parc des fêtes sur le plateau de Courbevoie sous une forme inspirée par l’Exposition londonienne de 1851. Les études successives le conduisent à repenser ses plans et à imaginer la forme d’une Exposition universelle. Charles Devic est alors entendu pour la première fois par la commission nationale consultative de l’Exposition, présidée par le député Antonin Proust. Plusieurs membres de la commission reconnaissent les avantages multiples de l’emplacement à Courbevoie, parmi lesquels Jean-Charles Alphand, directeur des travaux de la ville de Paris : Le plateau de Courbevoie sera nécessairement l’arène des expositions futures auxquelles la France voudra convier les Nations. Malgré ces appuis d’importance, le projet de Charles Devic est ajourné au profit du Champ-de-Mars, choix ratifié par la Chambre des députés à une infime majorité.