Les architectes
Jules BON (1822 - 1888)

Élève à l’École des Beaux-arts de Paris en 1842, il devient membre de la Société centrale des architectes français, en 1860. On lui connaît des villas et des maisons réalisées sur commande. Il est présent dans les 5ᵉ, 11ᵉ et 19ᵉ arrondissements de Paris mais également dans le quartier de la gare Saint-Lazare (9ᵉ). Décrit par la presse comme “un fin lettré”, il fut l’architecte de la galerie Georges Petit, construite au 8 rue de Sèze (8ᵉ arr), en 1882 : “un véritable palais, laissant bien loin derrière lui, comme luxe et comme installation, le palais de l’Industrie. Là, se trouve un vaste Hall, aménagé d’une façon merveilleuse, où la lumière du jour, aussi bien que l’éclat de mille bougies, savamment tamisées et dans lequel le public pourra circuler à l’aise, se reposer, sans craindre la chaleur et assuré de trouver des collections formées des meilleures toiles des meilleurs maîtres.” (La Liberté, 13 février 1882) Aujourd’hui détruite, la galerie devait accueillir de nombreux artistes, de Meissonier à Claude Monet. Médaille d’argent à l’Exposition d’Amsterdam en 1883, puis membre de la Commission de la section française de l’Exposition de Bruxelles en 1888, il est choisi la même année pour dessiner les plans du Pavillon d’Haïti pour l’Exposition de Paris, en 1889 ; il décède avant d’assister à la construction de l’édifice.
Sir Caspar Purdon CLARKE (1846 - 1911)

Auteur du palais indien érigé dans la galerie d’honneur du Champ-de-Mars, Sir Caspar Purdon Clarke était architecte et conseiller auprès du prince de Galles pour la section des Indes anglaises.
Né à Dublin, il fait ses études en Angleterre et en France. Dès l’âge de vingt ans, il entre au South Kensington Museum (futur V&A Museum) où il supervise la reproduction de mosaïques. Il accepte conjointement plusieurs missions en tant qu’architecte qui le conduisent à voyager en Europe et au Moyen-Orient. Pour le compte du South Kensington Museum, il fait l’acquisition de collections indiennes provenant de l’Indian Museum (fondé en 1798) à Londres dont les fonds sont dispersés entre plusieurs institutions. En poste en Inde, entre 1880 et 1882, Sir Caspar Purdon Clarke complète les fonds du musée, envoyant jusqu’à 300 caisses de marchandises contenant plus de 3 000 objets : pièces d’architectures, sculptures, manuscrits, bijoux, textiles… Nommé conservateur en 1892 puis directeur en 1896, il fonde le Victoria and Albert Museum avant de prendre la direction du Metropolitan Museum de New York.
Charles GARNIER (1825 - 1898)

Grand prix de Rome en 1848, Charles Garnier est un architecte majeur du Second Empire. Sensible à l’art antique, italien et oriental, il propose un style éclectique qui le différencie de ses contemporains.
Après un voyage de cinq ans en Italie puis en Grèce, il travaille un temps avec Viollet-le-Duc. En 1860, il gagne le concours organisé à l'initiative de Napoléon III pour construire un Opéra à Paris, inauguré en 1875. Au cours des années 1880, il multiplie les projets pour des particuliers à Paris, en province et à l’étranger (Italie, Allemagne, Monaco, Turquie).
En 1889, à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris, Charles Garnier édifie avec l’aide de l’historien Auguste Ammann une histoire de l’habitation humaine sur le Champ-de-Mars. Le projet prend la forme d’une quarantaine de pavillons donnant à voir aux visiteurs la diversité de l’habitat à travers les époques et les pays, de la Préhistoire à la Renaissance et du Mexique au Japon. De cet ensemble, il ne subsiste aujourd’hui que la seule « maison scandinave du XIVᵉ siècle ».
Cette maison est un chalet pourvu en façade d’une galerie d’arcades en plein cintre et d’une toiture surmontée de têtes de dragons (aujourd’hui disparues). Elle a été largement conçue selon des plans donnés à Garnier par l’architecte suédois Gustaf Ferdinand Boberg (1860-1946). À la fin de l’exposition, la maison scandinave a échappé à la destruction car elle a pu être achetée par le fabricant de jouets Fernand Martin qui remonte le chalet à Champigny-sur-Marne. Il a été inscrit aux Monuments historiques en 1995.
Jean-Juste-Gustave LISCH (1828 - 1910)

Fils du directeur d’une importante filature à Alençon, Juste Lisch dut maîtriser très jeune les bases du dessin technique. Il entre à l’École des Beaux-arts de Paris, en 1847, où il aura pour professeur les architectes Léon Vaudoyer et Henri Labrouste avec lesquels il s’initie à la restauration de monuments anciens. Plusieurs fois médaillé à la fin des années 1850, il est nommé architecte diocésain à Luçon en Vendée, dès 1857, puis architecte des Monuments historiques sur les anciens départements du Loiret, de la Seine et de la Seine-et-Oise. Entre 1878 et 1901, il prend les fonctions d’Inspecteur des monuments historiques, succédant à Eugène Viollet-le-Duc.
Avant l’Exposition universelle de 1878, il devient architecte de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest. On lui doit la Gare du Champ-de-Mars (dite aussi « Gare Lisch », à Asnières-sur-Seine), la gare du Havre (détruite en 1944), la gare des Invalides mais aussi la gare Saint-Lazare et l’hôtel Terminus. Ses travaux seront plusieurs fois récompensés ; Juste Lisch est ainsi nommé chevalier de la Légion d’honneur, le 18 août 1868, puis promu au grade d’officier de la Légion d’honneur, le 8 avril 1889.
Hugo RAHM (1857 - 1926)

Architecte et artiste Suédois, Hugo Rahm se forme au Royal Institute of Technology de Stockholm, la plus grande école d’ingénieurs de Scandinavie. Fondé en 1827, l’établissement porte son attention sur la diversité des enseignements scientifiques et techniques par une double approche théorique et pratique en correspondance avec l’industrialisation en forte progression de la Suède.
Hugo Rahm travaille pour l’architecte Magnus Isaeus avant de créer sa propre entreprise de design industriel. Ses activités de sculpteur, dessinateur et architecte lui permettent de proposer des prototypes de constructions.
En 1889, non présent officiellement à l’Exposition universelle, le gouvernement suédois suggère aux exposants désireux de se rendre à Paris de proposer des stands individuels. Les architectes et constructeurs -suédois et norvégiens- proposent des prototypes (façades, pavillons, maquettes) de leur savoir-faire à destination d’une clientèle à la recherche constructions nouvelles.
Les entreprises Ligna financent ainsi la construction du Pavillon suédois situé sous la Tour Eiffel, sur le Champ-de-Mars. Conçu par l’architecte Hugo Rahm, le pavillon reproduit dans le catalogue Ligna se présente comme une habitation fonctionnelle et durable. Vendu en 1890, lors du démontage de l’Exposition universelle, le pavillon du Champ-de-Mars est acheté par M. Georges Hartog, directeur des thermes de Bagnoles-de-L’Orne, ville dans laquelle il est encore visible aujourd’hui.
Christian THAMS (1867 - 1948)

Né en 1867 à Trondheim (Norvège), Christian Thams fait ses études d’architecture en Suisse avant de s’établir à Paris où il dessine ses premières maisons préfabriquées. Sa famille possède un commerce de bois à Orkanger (Orkdal) dans la région de Trøndelag. Il commerce avec l’Angleterre mais aussi le Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo), pays pour lequel il propose de petits pavillons en bois de style colonial. Plusieurs maisons françaises seraient issues de son catalogue (à Saint-Malo, à Louveciennes ou à Crocq dans la Creuse). Entrepreneur actif, il apparaît comme un des industriels norvégiens les plus présents à l’étranger. Il sera nommé Consul de France à Trondheim. Sa carrière lui vaut des décorations officielles en Norvège, en Suède et en France. Il décède le 22 mai 1948 à Ville-d’Avray.
À l’Exposition universelle de de 1878, Christian Thams expose dans la section norvégienne une série de maquettes en bois. Modèles d’architectures réalisés à partir d’édifices traditionnels existants, les édifices miniatures fournissent des prototypes en réduction de constructions démontables. La délégation norvégienne fait don au gouvernement français de produits issus de son exposition parmi lesquels figure une série de six modèles de construction, aujourd’hui conservée au musée des Arts et métiers à Paris : deux églises et quatre maisons. La présence de l’architecte à l’Exposition vise essentiellement à développer son activité et à promouvoir l’habitat en bois norvégien. Les maquettes notamment d’églises médiévales ont quant à elles vocation à illustrer les techniques et l’histoire de l’architecture norvégienne.
Henrik THRAP-MEYER (1833 - 1910)

Architecte norvégien né à Bergen, il étudie à l’École polytechnique de Hanovre et de Zurich, entre 1855 et 1860. S’il démarre sa carrière dans l’enseignement du dessin, à Bergen, il réalise plusieurs constructions d’églises et de maisons dans toute la Norvège. Sa participation à l’Exposition universelle de 1878 ne se limite pas à la construction du pavillon de Courbevoie aussi présente-t-il dans la section Beaux-arts (Groupe 1, classe 4) l’ensemble de ses “plans et dessins des constructions et de l’installation de la section Norwège au Champ de Mars et dans le parc du Trocadéro”. Dans l’esprit de l’Exposition de 1867 où l’on exposait la reproduction de la maison de Gustave Wasa, H. Thrap-Meyer exporte des modèles issus de l’architecture norvégienne dont l’enjeu commercial est également esthétique. L’architecture en bois préfabriquée se destine désormais à une riche clientèle qui modernise les habitations rurales en véritables palais.