Le pavillon Haïti-Hawaï
En 1889, l’Exposition réunit un ensemble inédit de pavillons étrangers, soit deux fois plus qu’en 1878. C’est un succès surprenant lorsque l’on se replace en 1886, à la naissance du projet. Fêter le centenaire de la Révolution française n’est pas du goût des monarchies qui se méfient alors de la France et de sa République. Parmi les vingt-huit pavillons construits par les délégations officielles, celui de la République d’Haïti trouve une parfaite légitimité. Soutenu par la France, Haïti partage la même langue, une histoire commune, des relations commerciales fortes et les symboles de son drapeau (couleurs, bonnet phrygien).
La République d’Haïti obtient grâce à son consul M. Simmonds une place de choix dans l’Exposition, le long de l’avenue de Suffren, derrière l’imposant palais Indien. La construction du pavillon est confiée à l’architecte français Jules Bon qui l’a achevé quand on lui ordonne son abandon en raison de la destitution du président Salomon. Il est alors cédé au Royaume d’Hawaï qui le maquille et y installe ses produits. Néanmoins, le consul général d’Haïti à Paris réussit à installer à ses frais, une exposition officieuse au Champ-de-Mars à partir des productions importées (café, bois, cacao, coton, rhum...).
De petite taille (10 m de long sur 10 m de large), le pavillon fait figure d’habitation moderne pour un pays tropical avec sa galerie-véranda et ses ornements très français : frontons, rives, tuiles et panneaux en céramique émaillée. Derrière cette exubérante façade se cache une structure d’une grande inventivité propice à l’exposition. Composé d’une pièce rectangulaire unique de 50 m², il ne comporte qu’une porte en façade, une grande fenêtre au fond et un premier étage avec lanterneau qui fait office de puits de lumière. L’absence de plancher à l’étage donne à la pièce une belle ampleur (6 mètres de hauteur) et une lumière qui doit susciter l’étonnement et l’admiration du visiteur.
En 1890, le pavillon est démonté et racheté par Auguste Rémy Fauconnier, laitier puis marchand de bois, qui le remonte à La Garenne-Colombes pour en faire sa maison. La structure du bâtiment a été respectée et l’identité haïtienne rétablie. C’est aujourd’hui encore une habitation privée.