Le décor architectural
Les architectes du XIXᵉ siècle apprécient les styles anciens ; ils les imitent à l’envi, antique, néo-gothique, néo-Renaissance et classique, en pierre blanche sculptée ou en matériaux l’imitant. La seconde moitié du siècle voit émerger une vision plus colorée de l’architecture soutenue notamment par les architectes J. I. Hittorff et E. Viollet-le-Duc. Amateur de céramique, le peintre et dessinateur Adalbert de Beaumont (1809-1869) précise dès 1867 :
La décoration en faïence, comme elle a été comprise en Perse,
en Asie Mineure et dans l’Inde,
jetterait sur l’ensemble gris et blafard de nos villes
la couleur et la gaité qui leur manquent.
Lave émaillée, céramique et mosaïque, toutes plus durables que la peinture, prennent part à ce renouveau. Les céramistes sont les plus prolifiques, proposant des carreaux de faïence richement décorés de motifs inspirés de l’Orient ou de sujets puisés dans les recueils d’ornements. Les terres cuites en relief, naturellement colorées ou émaillées de couleurs brillantes impressionnent les visiteurs de l’Exposition universelle de 1889. Le grès d’architecture nouvellement mis au point en France y est présenté ; sa résistance et son imperméabilité le rendent inaltérable. La céramique architecturale devient pour un quart de siècle l’ornement décoratif privilégié pour ses couleurs égayant les façades.
L’industrialisation du XIXᵉ siècle accompagne le succès croissant de ces décors. La plupart des céramistes s’oriente vers des productions en série proposées sur catalogues, tout en continuant la création d’œuvres plus originales et prestigieuses. Les céramiques ornant les façades et les toitures émanent parfois de manufactures au savoir familial, telle celle de Jules Loebnitz, mais plus souvent de grandes usines dirigées par des ingénieurs, dont Emile Muller ou Alexandre Bigot au tournant du siècle. Art nouveau et céramique triomphent alors ensemble, avant que la Première Guerre mondiale ne marque le déclin de la couleur sur les murs.