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Léon-Charles Canniccioni, peintre de lumière et de couleurs. Regard sur l’île de beauté 6 juillet 22 – 18 décembre 22
Premier directeur du musée Roybet Fould, le peintre Léon-Charles Canniccioni vécut plus de dix ans dans la villa de Consuelo Fould, dessinant et peignant entre 1939 et 1957 dans l’ancien atelier (aujourd’hui non accessible au public). Cette dernière, après sa mort, voulait y créer un lieu entièrement dédié à l’art, à la création et à son maître Ferdinand Roybet. Elle souhaitait que la direction du futur musée qu’elle avait imaginé soit confiée à un artiste, ancien élève de l’École des Beaux-arts. Le maire de Courbevoie, André Grisoni (1886-1975), cousin de l’artiste, engage Léon-Charles Canniccioni qui arrive dans la commune, en 1939.
C’est avec lui que commence l’histoire du musée Roybet Fould qui, en 1951, ouvre enfin ses portes. L’année est aussi celle du dernier voyage en Corse.
L’œuvre de cet artiste puise sa force et son énergie dans l’histoire sociale de l’Île de Beauté. Le peintre réalise, en effet, tout au long de sa vie des paysages et des scènes de genre. Ces compositions mettent en scène les variations lumineuses des nuages et les lignes changeantes de l’horizon. À l’âme tranquille des paysages s’associent la vie, les us et coutumes des habitants. Sa vision ethnographique témoigne du climat serein et chaleureux des communautés qu’il côtoie.
La famille avait quitté la Corse, en 1880, contrainte par d’importantes difficultés économiques. Elle s’installe à Paris où Léon-Charles Canniccioni grandit et étudie : d’abord à l’École nationale des Arts décoratifs (1893), puis à l’École nationale des Beaux-Arts (1895-1899), dans l’atelier libre de Jean-Léon Gérôme et enfin en tant qu’élève après son admission. Il conserve de l’enseignement du maître le goût du dessin et la palette d’un peintre orientaliste.
En parallèle à sa vie d’artiste, il intègre la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Mobilisé en 1915 sur le front de l’Est, il sera gazé et emprisonné. La guerre sera une autre source d’inspiration, plus douloureuse et tragique.
Les contacts avec la Corse restent permanents. Lors de ses nombreux voyages, il fréquente les écrivains et les poètes dans le sillage de son père Xavier dit « Canny ». Il est ami avec les principaux représentants de l’École d’Ajaccio, plus particulièrement, Jean-Baptiste Bassoul, François Corbellini ou Lucien Peri. Plusieurs fois récompensé, il reçoit entre autres, une médaille d’or au Salon parisien de 1924 et une autre, à l’Exposition universelle de 1937. Il obtient également de nombreux prix. Ses œuvres, encore peu connues, révèlent un artiste accompli usant d’une grande diversité de techniques en peinture comme en dessin.
La Corse est une terre en vogue au début du XXe siècle. Ailleurs rêvé et idéal, l’Île de Beauté séduit également par le mode de vie de ses habitants. Elle est une destination touristique privilégiée, ainsi qu’une source d’inspiration pour les artistes. Articles, publications et revues spécialisées abondent, enrichis de nombreuses illustrations. En peinture, l’américain James Abbott McNeill Whistler, ainsi que des Français tels que Henri Matisse ou Fernand Léger l’évoquent avec passion. En littérature, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Prosper Mérimée, Gustave Flaubert ou bien encore Guy de Maupassant dressent des portraits de personnages hauts en couleurs empruntés à l’univers corse.
Dans ce contexte, les œuvres de Léon-Charles Canniccioni, né en Corse en 1879, connaissent un franc succès. L’artiste travaille et vit à Paris mais séjourne régulièrement sur l’île. Peintre, dessinateur et affichiste, Canniccioni aborde de nombreux sujets inspirés de la Corse et plus particulièrement de son village natal de Moltifao.
Bien que l’artiste s’intéresse à l’impressionnisme dès 1915, il ne participera pas véritablement aux mouvements d’avant-garde précurseurs de l’art moderne. En effet, Canniccioni s’inscrit dans une voie plus académique et connaît une renommée officielle et internationale. Il participe chaque année aux salons officiels dont le Salon des Artistes français où il obtient de nombreuses distinctions dont la Médaille d’or. Le gouvernement français lui achète régulièrement des œuvres. L’artiste développe son propre réseau parisien constitué de commandes de particuliers dont le célèbre ténor Lucien Muratore ou le Président Paul Doumer avec Vue du Golfe d’Ajaccio installé dans son bureau de l’Élysée dans les années 1930.
Léon-Charles Canniccioni s’attache à l’étude de la nature, les mutations des saisons, les changements de couleurs dus aux fluctuations de la lumière avec le souci de représenter un mode de vie insulaire cher à ses souvenirs. Au-delà de la représentation, c’est la traduction et la transmission du sentiment de l’artiste qui prédominent pour nous faire partager sa passion pour sa terre natale.
Léon-Charles Canniccioni est nommé à la direction du musée Roybet Fould en 1939. Connaissant un certain oubli vers la fin de sa vie, notamment en raison d’une hémiplégie qui le ralentira dans son travail, l’artiste n’aura de cesse de peindre et d’enseigner dans l’atelier du musée Roybet Fould. Il décède à Courbevoie en 1957.