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Théodore Deck (1823-1891), Les Quatre Saisons, Décor de l’Orangerie du Parc de Bécon à Courbevoie 17 janvier 2018 – 1er juillet 2018
Initiateur de la céramique moderne, Théodore Deck devient rapidement, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, un des artistes les plus reconnus tant par la diversité des formes qu’il réalise que pour les recherches techniques qu’il mène, contribuant alors au renouveau de son art. L’originalité de ses décors marque, avant 1900, la naissance de l’Art Nouveau.
Le Musée Roybet Fould est fier d'avoir pu présenter certaines de ces œuvres dans cette exposition monographique, et de faire découvrir au public cet incroyable artiste.
Unique dans son style et sa manière, Théodore Deck puise dans un vocabulaire qui, loin de copier ou imiter les productions existantes, réinvente des formes inédites et originales. L’artiste puise alors son inspiration dans différentes sources avec virtuosité et éclectisme et perfectionne les anciennes techniques notamment, dans les domaines de la faïence fine. Un goût prononcé pour la couleur conduit Théodore Deck à l’étude de l’art oriental ou « art persan » et de l’Extrême-Orient. Sa connaissance des artistes de la Renaissance française et italienne lui permet d’envisager une complémentarité de recettes et de formes.
C’est en étudiant les faïences turques d’Iznik et en tentant de reproduire l’intensité et la luminosité des teintes qu’il se fait connaître. Exposées en 1861, ses œuvres remportent un succès colossal. On parle des reflets « électriques », « d’aurores boréales », « de lueurs féériques ». Son souhait le plus cher serait de « créer des produits qui, par l’éclat et la séduction des couleurs peuvent être comparés aux plus belles faïences orientales » (Th. Deck, La faïence, Paris, 1887). La Chine et le Japon, dont on redécouvre les productions à la fin du siècle, l’impressionnent également. Bien qu'il ait remporté une médaille d'argent, les dessins incrustés et les céramiques de style Iznik n'ont pas fait l'unanimité et les critiques ont été mitigées. L'année suivante, il saisit l'occasion de l'exposition universelle de 1862 à Londres pour attirer un public international, en attirant les amateurs de céramique anglaise. Il connaît un certain succès, puisqu'un de ses vases est acheté et exposé par le South Kensington Museum de Londres, mais il reste soumis à la critique pour les défauts physiques de ses œuvres.
En 1863, il expose ses premières faïences couvertes de glaçures alcalines, colorées bleu turquoise, et donne naissance à un bleu profond et limpide, le « bleu Deck ». Les fonds décorés ou gravés en léger relief évoquent l’art chinois ou japonais. S’il mélange fréquemment les motifs sans les différencier, il s’agit d’évoquer un style et non de le copier. Sa manière s’enrichit également des recherches menées par d’autres artistes de l’époque.
Lors de l'Exposition des Arts Industriels de 1864, Deck présente sa nouvelle technique : des pièces recouvertes d'émaux transparents et non craquelés, inspirées des céramiques islamiques, égyptiennes, chinoises et japonaises, renforçant ainsi le lien entre Deck et les styles orientalistes, mais c'est pour l'effet métallique réfléchissant qu'il a obtenu que le fabricant soit récompensé par une médaille d'argent lors de l'exposition universelle de 1867.
Deck a joué un rôle dans la popularité des styles Est-asiatiques, qui sont devenus une tendance dominante dans la décoration occidentale, en s'inspirant directement pour ses vases de ceux produits au Japon et en Chine. Son style orientaliste était très populaire ; la tendance s'est poursuivie dans l'habillement, l'ameublement et même les papiers peints.
Au cours de sa carrière, Théodore Deck voyage et compose des objets mais également des décors. Il en est tantôt l’auteur tantôt le maître d’œuvre, confiant à ses amis peintres la conception des sujets et la réalisation des motifs. Il intervient alors, à Courbevoie, en 1874, pour le prince roumain Georges B. Stirbey, propriétaire d’une partie du domaine de Bécon. Théodore Deck commande à deux artistes des cartons pour l’ensemble décoratif composé de huit têtes sous forme de médaillons, intégrés dans un ensemble plus large de cartouches en cuir et d’allégories évoquant le thème des Quatre saisons. Les motifs seront réalisés par Jules-Antoine Legrain et Albert Anker puis finalisés et signés par Théodore Deck.
On retient de Deck son goût pour le voyage et l’émerveillement face à l’art oriental qui l’a tant fasciné.