Notre santé à bout de souffle

En France, les études médicales sont soumises au numerus clausus qui régule le nombre de places disponibles par concours, afin d'éviter un excès de professionnels en activité par rapport aux besoins du pays. Depuis des décennies cette limitation pousse certains étudiants français à suivre leurs études à l'étranger alors que paradoxalement des médecins diplômés étrangers viennent de plus en plus exercer en France afin de combler le manque de docteurs ! Actuellement, près de la moitié des médecins actifs a au moins 55 ans. Ils ne seront pas renouvelés par les générations suivantes alors que cette carence aurait pu être anticipée.
Dans son livre Santé, explosion programmée, le Dr Patrick Bouet, président du Conseil National de l’ordre des Médecins, tire la sonnette d’alarme sur l'état de notre système de santé en danger avec les déserts médicaux, les fermetures d'hôpitaux et ceux qui sont surpeuplés… Depuis trente ans, seuls les impératifs économiques importent. Nos politiques se contentent de mesurettes coûteuses et inefficaces au lieu d'agir en adaptant les formations et en privilégiant la proximité.
Le récent dysfonctionnement du Samu lors d'un appel téléphonique d'un cas grave mal interprété, souligne la saturation de ce service d'urgence. Les opératrices sans formation médicale répondent à plus de 300 appels par jour, et lors d'un appel d'une minute doivent décider de l’urgence du cas, tout en respectant des instructions afin d'être efficaces ! Selon une opératrice : « [son] quotidien, ce sont des patients majoritairement étrangers, puisqu’on leur a vendu la France comme un supermarché de la santé. Certains ne viennent que pour se faire soigner car ça ne coûte rien puisqu'ils bénéficient de l’AME. » Les hôpitaux connaissent régulièrement des pics de saturation. L'essentiel des patients accueillis quotidiennement aux urgences relève de soins de consultation. Selon le Samu, depuis début 2018, plus de 15 000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences faute de lit pour les hospitaliser dans un service. Une situation d'engorgement qui entraînerait une surmortalité de 9 % pour tous les patients et de 30 % pour les patients les plus graves.
Notre système de santé va bientôt découvrir son 24e plan depuis 1974 : il y a urgence ! Nous avions le meilleur système de santé que le monde entier nous enviait et actuellement il est moribond. Il devient impératif de construire une vraie politique de prévention et de maintenir pour tous les Français le droit de se soigner.

Floriane Deniau, conseillère municipale
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