Nous publions ici les textes fournis pour le Courbevoie magazine.

Protéger les citoyens et leur police

Le viol présumé que le jeune Théo aurait subi lors de sa récente interpellation a déstabilisé les Français dans leur rapport à la police.

Le Défenseur des droits a constaté une augmentation de 35 % des demandes visant à critiquer les modalités d'intervention des forces de l'ordre : 1 225 saisines en 2016 contre 910 en 2015. Il faut néanmoins regarder ces chiffres à l'aune des 1,1 million de personnes mises en cause, soit celles ayant eu affaire à la police au cours de l'année. Le rapport n'est alors que de 1 sur 1 000.

Les rapports entre la police et la population peuvent être empreints d'une certaine défiance. La question des contrôles au faciès notamment est un vieux sujet qui pollue depuis trop longtemps le débat sur la sécurité.

La justice exige d'une personne contrôlée d'apporter la preuve du caractère discriminatoire du contrôle, preuve impossible par nature. Les juges estiment en outre que le contrôle est fondé du simple fait qu'il se déroule dans une zone déclarée de sécurité prioritaire, sans autre forme de soupçon d'une intention délictuelle.

Une personne réellement victime de contrôles abusifs se trouve alors dans une impasse totale. Ce sont précisément ces raisonnements kafkaïens qui nourrissent un sentiment d'injustice et propagent la défiance.

Dans notre lourd contexte sécuritaire, les policiers doivent se concentrer sur le terrain, pas sur l'application de procédures toujours plus lourdes.

La meilleure solution reste certainement la généralisation immédiate du port de caméras piétonnes par les policiers nationaux en mission. On sait que le sentiment d'être observé est susceptible d'obtenir une forme d'obéissance. Elles permettront donc certainement de faire tomber la tension lors des interventions, voire même de conforter d'éventuelles procédures. Dans un sens comme dans l'autre.

Cette mesure générerait des résultats positifs, tant en termes de sécurité réelle que pour apaiser les relations entre la police et la population – notamment des quartiers sensibles.

En tant qu'élus mais aussi comme citoyens, nous nous devons de condamner toute forme de violence, mais aussi d'exprimer avec une vigueur renouvelée notre confiance envers les policiers et les gendarmes, qui se dévouent unanimement à la sécurité de chacun d'entre nous.

Serge Desesmaison, adjoint au maire, sécurité, prévention de la délinquance, anciens combattants et mémoire de la Nation